SANETSCH

 

On était parti pour Chamonix la mythique, ses aiguilles de granite, les kilomètres d'échelles du refuge du Couvercle, la vue sur la face nord des Grandes Jorasses, l'arête Sud de l'Aiguille du Moine… On en rêvait, mais c'était sans compter sur la météo capricieuse dans le massif ce week-end là. Moi qui me voyait déjà suer dans les dülfers et les cheminées… Mais comment trouver un plan B à la hauteur du mythe Chamoniard ? Après maintes réflexions bi-polaires et vérification météorologiques audacieuses, on décide de changer notre weekend alpi en weekend grimpe au col du Sanetsch. On remplace le granite orange par le calcaire cannelés et dalleux, pas pire !

 

Après un petit café à l'hôtel du Sanetsch le samedi matin, on se décide finalement à faire des longues voies dans le secteur « Hara ». Hara qui pleure pour les uns, et … pour les autres. La falaise calcaire où nous allons grimper est magnifique, imposante, et se déroule sur plusieurs centaines de mètres aux alentours. Ah ouai ce Sanetsch c'est quand même la classe… La suite nous le confirmera : les longueurs de Hara qui pleure sont très belles : L1 en 6a+, une écaille dülfer, détonne avec le style ambiant qui est normalement plutôt sur les pieds. On entre dans le vif du sujet avec L2 et l'arrivée des fameuses cannelures rongées par la pluie. Le rocher est adhérent, et on prend gentiment confiance dans les pieds. On se retrouve tous en haut de la voie pour un petit pique-nique. Vu qu'on a encore un peu de temps avant le souper du soir, on teste un petit secteur de moulinette (…) en fin d'après-midi. Les voies sont belles, on se souviendra notamment d'une 6b un tantinet coriace pour la cotation (bravo Rémi !). 

Puis, comme l'apéro nous appelle, on rentre gentiment à l'hôtel pour un repos bien mérité. On y croise d'ailleurs des clubistes de Jaman venu faire une randonnée sur 2 jours. Le monde est petit ! Après un bon repas / bières / jeux de carte Franco-Allemand (et re-bière pour certaines), on se couche déjà heureux de cette première journée. 

 

Le 2ème jour, 2 cordées se lancent dans Great Time, une classique au niveau accessible pour le Sanetsch. Une autre cordée opte pour Follomi, magnifique classique du coi. En 6c. 

Comme son nom l'indique, nous avons passé un sacré bon moment dans Great Time. Malgré certains passages tout de même péteux confirmés par l'avis des deux géologues expertes du groupe, les 3 dernières longueurs sont très belles et valent le détour. Il y a des traversées dalleuses, des murs verticaux aux prises acérées, des cannelures… Le top ! Le must de la voie : un dernier rappel impressionnant en fil d'araignée avec 50m de vide, sans conteste LE plus beau rappel de ma vie de grimpeuse. Après avoir aidé à tirer une corde à fort tirage d'une autre cordée (qui tout de même aura coûté un morceau de dent à un de nos compagnons), nous voguons vers l'apéro, avec une tarte aux pommes qu'on aura bien savourée au vu de son prix. Qu'importe ! Le weekend était une réussite, avec une grimpe extraordinaire qui n'aura rien à envier au granite de Chamonix, et une équipe motivée prête à relever tous les défis. Aiguille du Moine, on reviendra !