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Douves Blanches : Arête SW intégrale

Aiguille du Chardonnet - Arête Forbes:

Depuis l'année dernière déjà l'arête SW des Douves Blanches me trottait dans la tête : beau rocher, vue magnifique, arête longue et grimpante… La promesse d'une belle course d'alpinisme rocheux sur les hauteurs d'Arolla.
Oui mais voilà cette année le mois de juin étant plutôt à la neige et au ski de randonnée, nous sommes finalement un peu tôt dans la saison pour tenter cette course. On cherche donc des plans B tout aussi intéressants, et on commence à lorgner sur le massif du Mont Blanc. Fred nous propose d'aller à l'Aiguille du Chardonnet par l'arête Forbes. Course plus en neige et mixte que les Douves, celle-ci est apparemment en bonnes conditions bien que plus enneigée que d'habitude pour la saison. En combinant le Chardonnet avec une grimpette la veille à Orny, c'est un beau weekend en montagne qui se profile !

Nous voilà donc aux alentours de 8h au télésiège de la Breya. On se met en jambe lors de l'approche jusqu'à la cabane d'Orny, accompagné par de nombreux groupes d'alpinistes et de grimpeurs. Après une petite pause tarte à Orny à observer le clocher du Portalet - on a déjà faim - on se décide pour faire l'arête Sud de l'aiguille d'Orny. Encore jamais faite, ça nous permettra de nous remettre un peu dans le bain de l'escalade en grosses. Magnifique rocher déjà, grimpe plaisir, les longueurs s'avalent facilement jusque sous le sommet de l'aiguille. De là, on décide de bifurquer dans d'autres voies pour varier les plaisirs : Jérémiade pour Fred et JC, Pilier érotique pour Rémi et moi. Les longueurs en 6a sont superbes, le granite revêt sa patine rouillée typique, c'est trop beau. Je suis quand même contente d'avoir pris mes chaussons pour passer un ou deux pas un peu plus dalleux. Bravo Rémi pour cette longueur en 6a en grosses un peu « musclée ». On rejoint Fred et JC au sommet de l'aiguille et après une courte descente péteuse, on arrive à la cabane du Trient pour la bière et le souper. Mention spéciale pour la succulente polenta bien cuisinée du soir. Après discussion avec le gardien, il y aura du monde sur la Forbes demain, et il nous conseille de partir plus tôt qu'à l'accoutumée. Départ est donc fixé à 3h30 le lendemain, avec un réveil psychologiquement difficile de 2h55.

Nous voilà donc le lendemain « matin » à 3h la mine déconfite devant notre tartine, seuls dans le réfectoire car nous sommes les seuls à partir pour la Forbes. Bonne ambiance. A force de grimper en plaine les weekends on a plus vraiment l'habitude des réveils matinaux… Mais au moins on évite la cohue habituelle des préparatifs de cabane. Et l'idée de marcher sur le Chardonnet nous motive.

Départ à 3h40 finalement, l'approche se déroule sans encombre - plateau du Trient - col du Tour - glacier du Tour. Arrivés sur le glacier du Tour, l'arête que l'on va emprunter se dévoile. Il y a un festival de frontales sur la Bosse, et déjà sur l'arête Forbes - il y a des cordées vraiment matinales voire vespérales. L'éperon Migot est aussi bien fréquenté. On remonte la Bosse en superbes conditions et avec marches 3 étoiles, pour finalement déboucher au pied de l'arête. Le soleil s'est déjà levé, les lumières sont magnifiques. Plus orangées que le granite d'Orny, elles percent derrière la grande Fourche et la pointe Forbes. Ca y est, je me rappelle pourquoi j'aime tant me lever à pas d'heure, et être en haute montagne. Quand on arrive au départ de l'arête, on déchante un peu : on se croirait aux retours du Valais un dimanche soir après le ski, les bouchons s'annoncent tenaces. Aïe, apparemment on est pas parti assez tôt. On essaye de faire une pause mais vu que l'alpiniste n'est pas trop habitué aux pauses de plus de 5 minutes pour gober 3 fruits secs, on prend gentiment notre place dans la queue leu leu. Bon, les conditions météo sont super, il fait beau, pas de vent, il fait chaud, y a pire pour attendre un peu. On en profite pour prendre notre temps et se remettre tranquillement dans les manip de corde. Les passages rocheux sont très beaux, jamais difficile, on se réhabitue à la crapahute en crampons. Comme il y a beaucoup de neige en ce moment, il faut un peu ruser pour protéger convenablement. L'arête est superbe, des beaux passages gazeux, une vue incroyable - qu'on a le temps d'admirer - du mixte… On arrive à doubler une cordée de 3 récalcitrante, après quoi s'ensuit des traversées neigeuses et mixtes où il faut quand même un peu se concentrer. On arrive finalement au sommet sur les coups de 11h. La vue sur l'Aiguille d'Argentière et l'Aiguille Verte est magnifique. On repère entre autre le fameux couloir Couturier, impressionnant par sa raideur.

Après une courte pause au sommet, on se lance dans la descente, parce qu'on sait très bien qu'on est loin d'être arrivés et que ça chauffe pas mal. Après une descente assez raide dans un couloir neigeux, on enchaine un rappel de 50m en joignant nos 2 cordes, puis un autre pour passer la rimaye quand même bien ouverte. Puis on descend le reste du glacier mi marchant - mi rutschant, avec comme ligne de mire le refuge Albert 1er et sa tartiflette. Comme il peut faire chaud sur ce glacier. Finalement on arrive à 14h30 au refuge, où on s'accorde une vraie pause repas et boissons. A ma grosse déception la cuisine est fermée, et mes rêves de tartiflettes savoyardes et de reblochon s'envolent. On se rabattra quand même sur une belle planchette et tarte aux fruits rouges. Une bonne heure plus tard, on continue notre descente en direction du village du Tour. C'est parti pour 2h de descente sur la moraine. Le chemin est entouré de rhododendrons et de roches moutonnées polies par le glacier du Tour, c'est superbe. Beaucoup de monde monte au refuge, on leur souhaite bonne chance pour les bouchons demain… La fin de la descente se fait au pas de course malgré la tentation de bistro jalonnant le parcours, et on réussit finalement à attraper le train de 17h50 à Montroc, assoifés et heureux.

Merci Fred pour l'organisation de cette sortie, on se rend bien compte que c'est pas toujours facile de nous gérer. J'étais super contente de faire cordée ensemble, c'était une première ! Merci de m'avoir fait confiance pour passer tantôt en tête de cordée, je me suis sentie écoutée, soutenue, en confiance, j'ai aussi appris, et on a aussi bien ri. Ce sont des qualités qu'on ne trouve pas chez tout le monde, et tout ça fait de toi un super chef de course et alpiniste, quelqu'un avec qui on a bien du plaisir à aller en montagne. Quelle belle traversée que cette Aiguille du Chardonnet depuis Trient, j'avoue c'est si beau. Moi qui ne connaît que peu le massif du Mont Blanc, c'était un plaisir de pouvoir le découvrir un peu avec toi, Jean Christophe et Rémi. Pour sûr cela m'as donné envie d'y retourner, pour sûr j'ai repéré de beaux objectifs sur l'arête Forbes ce jour-là, pour sûr cette sortie a alimenté un peu plus mes rêves de montagne.  

Giugiu