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Mont Brûlé 3576m en traversée

Récit du 1er jour par Frédo :

 

Laurent nous avait concocté un plan aux petits oignons ! Il connaissait bien la région, et avait manifestement LES bons contacts !

 

Rendez-vous tôt à la gare - on profite de faire de la mobilité douce avec cette course - direction l'Hospice du Grand St-Bernard, via train et car postal. C'est Daniele, propriétaire du B&B Alpe Rebelle à Bionaz (Valpelline), qui vient lui-même nous y chercher. Après un petit cappuccino, nous arrivons sur la terrasse tout en pierres et dans un cadre magnifique, où une table nous a été réservée.

 

Certains diront que c'est dur de monter après un copieux et bon repas.... Je crois qu'on est quatre à pouvoir aussi l'affirmer ! Waw, c'était juste délicieux, des menus dégustation tout en saveur. On n'a même pas pu refuser la panna cotta aux fruits rouges... Mais après, ma foi, il faut bien se mettre en route.

 

Daniele nous pousse un bout, puis nous entamons le sentier qui domine le lac de Place Moulin en direction du refuge Nacamuli. Heureusement, il y a quelques nuages de temps à autre, on ne souffre pas trop du chaud ainsi. La Comba d'Oren est splendide, dominée par d'immenses dents rougeâtres tentant de déchirer le ciel.

 

Après un peu moins de trois heures, nous arrivons au refuge Nacamuli, 2830 m. Giorgio et sa chouette équipe nous y reçoit, avec de redoutables desserts qu'il est trop difficile d'ignorer. Tant pis, on mangera moins de soupe tout à l'heure !

 

Le ciel se couvre un peu, mais la météo s'annonce pas trop mal pour le lendemain. Nous décidons de mettre le réveil à 4h00 du matin afin de partir assez tôt.

 

Récit du 2ème jour par Hélène :

 

Si je prends le relais pour vous relater notre deuxième jour de course, c'est qu'il a connu un rebondissement inattendu : après une heure de marche environ, Frédo nous annonce qu'il ne se sent pas le courage d'aller plus loin. Sacré dilemme alors que le Haut Glacier d'Arolla déroule son tapis blanc sous nos pieds et que le Mont Brûlé dessine sa majestueuse arête dans la lumière rasante du lever de soleil.

 

Nous ne nous sentons pas tranquilles de laisser Frédo redescendre seul sur Arolla, mais il insiste, et comme il est lui-même chef de course, Laurent finit par accepter. Frédo gagne la moraine, où nous apercevons rapidement une deuxième silhouette près de lui. Quant à Adi, Laurent et moi, nous remontons le glacier en direction du Col de Tsa de Tsan.

 

Le passage de la rimaye est superbe : nous avons la chance de pouvoir la traverser en son milieu sur un joli pont de neige. Puis nous gravissons un dernier névé pentu dans des marches tout confort tracées par Laurent jusqu'au col où s'ouvre une vue splendide sur la Dent d'Hérens et le Glacier des Grandes Murailles.

 

Vue d'ici, l'arête NE du Mont Brûlé est impressionnante et le sommet semble encore loin. Nous sommes seuls au monde, peut-être à cause d'une description quelque peu alarmante publiée par un membre de Camptocamp sur la qualité du rocher… Mais finalement, il nous plait ce rocher : en restant sur le fil de l'arête, nous profitons d'une belle grimpe dans du III continu moins « péteux » qu'attendu.

 

En tête, Laurent intuite l'itinéraire optimal et pose avec grâce friends et sangles aux endroits stratégiques. Adi, privé de sa place de premier de cordée par l'abandon de Frédo, ferme la marche et effectue tranquillement la collecte des protections. Quant à moi, je profite de ma place royale entre le chef de course et son adjoint ! Nous progressons en corde tendue, prenant le temps de tester nos prises tels de placides caméléons déployant lentement chaque muscle l'un après l'autre. Le rythme est méditatif et l'immersion totale dans l'environnement alpin.

 

Au sommet venteux, le pique-nique est vite avalé. Adi ayant évalué le dénivelé négatif total de la journée à 2100 m, je garde stratégiquement mon dernier morceau de fromage pour la descente. Nous empruntons la voie normale pour regagner le Col Collon le long de superbes corniches. Puis nous parcourons toute la longueur du Haut Glacier d'Arolla jusqu'au pont sur la rivière… qui a disparu, emporté par l'impressionnant débit ! Il est temps de manger mon précieux fromage pour me donner du

courage. Malédiction : lui aussi a disparu ! Il est resté au sommet pour régaler les chocards ou un prochain alpiniste affamé, qui sait…

 

Laurent part en éclaireur chercher un passage pour franchir la rivière, chaussé de ses sandales à toutes épreuves. Chevaleresque, il me propose tout de go de me porter sur son dos, mais j'opte pour traverser pieds nus, mes chaussures dans une main, son bras dans l'autre pour éviter de me faire emporter par le courant puissant et glacé. Adi fait quant à lui le pari de continuer à longer le cours d'eau jusqu'à trouver un moyen de passer au sec et tombe à point nommé sur un barrage en contrebas.

 

Reste à parcourir la dernière ligne droite jusqu'à l'arrêt de bus, une ligne pas si droite que ça qui nous prend encore une bonne heure de marche à un rythme soutenu. Nous y voilà enfin, 20 mn avant le dernier car postal du jour. C'est avec soulagement que nous recevons alors les messages de Frédo arrivé à bon port et avec délectation que nous dégustons le chocolat aux noisettes offert par Adi qui avait gardé le meilleur pour la fin !

 

Au moment où j'écris ce récit, j'ai encore ce délicieux goût de noisette dans la bouche et toutes les images de ce splendide week-end plein les yeux. Un immense merci à Adi d'avoir proposé cette course et à Laurent de l'avoir organisée et menée à la perfection !