Veni, vidi, vici,
 

Veni
Huit mercredistes sont venus par le carrus (ou plutôt train) à Aventicum, capitale de l'Helvétie romaine. Contrairement à ce que la météo prévoyait, nous sommes sous le couvercle et il ne fait pas chaud. Sans tarder le petit groupe se rend dans un thermopolium pour y prendre une collatio bienvenue.

Vidi
Après être passé devant l'Amphithéâtre, le Cigognier, le Théâtre, nous nous dirigeons ensuite vers la Porte de l'Est. Tout de suite, le paysage se révèle magnifique avec de superbes effets de givre sur les végétaux. Au détour d'une haie, nous voyons au loin un très grand troupeau de moutons auprès duquel se tiennent debout berger et chien. Cette vision est presque irréelle avec ces prés blancs givrés et un ciel gris et bas. Pour être sûr que nous ne rêvons pas des signes lui sont fait, auxquels le berger répond en agitant son chapeau. Quelle poésie ! Arrivé à Donatyre, un panneau nous signale une église romane du 11e siècle. Ce temple a été construit avec les restes du mur d'enceinte d'Aventicum. A l'intérieur d'anciennes fresques et un vitrail du 17e.

Puis c'est la grimpette dans la forêt enneigée du Bois de Châtel. Vers le sommet, à 618 m, nous arrivons au Signal de la Reine Berthe. Il ne s'agit pas de Berthe-aux-Grands-Pieds, épouse de Pépin III le Bref et mère de Charlemagne, mais comme l'une des participantes l'a relevé, de l'épouse de Rodolphe II, Roi de Bourgogne, puis après le décès de son mari, a épousé Hugues d'Arles. C'est cette reine qui donna l'impulsion à la construction de l'Abbatiale de Payerne.  Nombres d'anecdotes restent connues de nos jours et hantent toujours la mémoire régionale, c'était le « bon vieux temps où la Reine Berthe filait… »

Ce n'est aujourd'hui plus qu'une clairière au-dessus d'une falaise, d'où on devrait avoir une belle vue sur le Lac de Morat et le Vully. Mais voilà, nous ne pouvons que l'imaginer, les nuages obscurcissant l'horizon. Un couvert forestier avec des tables est le bienvenu et nous y pique-niquons à l'abri du vent. Mais le froid reste présent et on reprend notre chemin assez rapidement. La route forestière est rectiligne, mais il vaut mieux marcher au milieu, car les deux ornières bien tassées sont de vraies patinoires. 

La route descend ensuite vers Oleyres, dont les habitants ont le sobriquet de « renards ». Pourquoi ? On raconte que ce surnom remonte au temps où Oleyres possédait encore un gibet, c'est-à-dire au XVIIe siècle probablement. Or, ce lieu de supplice n'avait jamais eu l'occasion de servir... ce que n'avaient pas manqué de remarquer les Fribourgeois des environs. Par ailleurs, l'entente entre réformés et catholiques n'était pas particulièrement cordiale. A la faveur d'une nuit sombre, quelques jeunes du canton voisin prirent un malin plaisir à aller pendre le cadavre d'un renard aux fourches patibulaires. On ne connaît pas la suite, sinon que la chose fit sourire loin à la ronde et que les gens d'Oleyres furent dorénavant surnommés les Renards.

Puis sur des chemins d'améliorations foncières, toujours bordés de magnifiques sculptures de givre, nous gagnons les haut de Dommartin et bifurquons pour rejoindre Aventicum et notre point de départ. 
Après un nouveau thermopolium et quelques dulciarii, excellentes d'ailleurs, nous pouvons reprendre notre train en déclarant…Vici !